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Montréal, lundi 4 avril 2022 - Le rapport du GIEC détaillant les solutions pour éviter le pire de la crise climatique est sans appel pour les gouvernements du Québec et du Canada : il faut en faire beaucoup plus et beaucoup plus rapidement.
« En lisant le rapport, on se rend bien compte de l’écart marquant entre ce que les scientifiques proposent et la volonté politique de nos gouvernements. On ne fera pas de transition sans modification majeure de notre façon de nous déplacer, de nous nourrir, de consommer et d’occuper le territoire. C’est le temps pour nos gouvernements de regarder la réalité en face et d’en finir avec les demi-mesures », affirme Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques d’Équiterre.
Qui plus est, le GIEC nous dit que pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, il faudra s'attaquer aux émissions des 10 % de ménages les plus riches, qui contribuent à environ 36-45 % des émissions mondiales, dont les ⅔ vivent dans les pays plus riches comme le Canada. « Nous avons une responsabilité historique et la capacité financière de poser les gestes qu’il faut. », ajoute l’analyste.
Québec a des croûtes à manger
Contrairement à ce qu'avance le ministre de l’Environnement Benoit Charette, ce rapport du GIEC montre aussi qu’il est loin d’être « impossible » d’en faire plus pour éviter les pires effets de la crise climatique.
On y présente plutôt un bouquet de solutions à la portée du gouvernement du Québec : entre autres en ce qui a trait à l’aménagement du territoire et des transports, secteur le plus émetteur de la province (45% de nos émissions de GES).
« Au Québec, le gouvernement rechigne à nous sortir d’un mode de vie où on est contraint de consommer beaucoup d’énergies fossiles : on aménage notre territoire tout croche, on met de l’avant des projets farfelus comme le 3e lien, on met des bâtons dans les roues du tramway et on ne fait pratiquement rien pour diminuer notre dépendance collective à l’auto-solo », explique Émile Boisseau-Bouvier.
Pétrole et gaz : Le fédéral n’a pas d’excuse
Selon Équiterre, ce rapport du GIEC devrait aussi constituer le clou dans le cercueil de tout nouveau projet d’infrastructure lié aux énergies fossiles au Canada et mettre fin aux velléités du gouvernement fédéral et de l’industrie de produire ce qu’ils appellent du pétrole «vert» ou «propre» : de l’écoblanchiment pur et simple.
« Le message du GIEC ne peut être plus clair : on ne peut pas produire plus d’hydrocarbures et lutter contre la crise climatique. Point barre. Continuer à mousser les projets comme Bay du Nord ou Trans Mountain de ce monde, c’est malhonnête », conclut Émile Boisseau-Bouvier.
Équiterre souligne par ailleurs que le GIEC met en garde contre la place trop importante qui pourrait être accordée aux technologies qui n’ont pas fait leurs preuves, comme la capture et le stockage de carbone, pour réduire les émissions du secteur des énergies fossiles: une avenue pourtant grandement mise de l’avant dans le plan du gouvernement fédéral présenté la semaine dernière.
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