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Depuis le début de l’année, tous les yeux sont tournés vers Trump. Chaque jour, on me demande s’il va réussir à effacer nos progrès environnementaux et à chaque fois, je réponds que oui, mais pas autant que l’on pourrait le croire.
Son principal obstacle sera sûrement la Chine.
En effet, la manchette en Chine au début de 2017 n’était pas tant l’élection de Donald Trump que le smog qui régnait encore une fois sur de vastes étendues du pays, incluant la capitale. La qualité de l’air était tellement mauvaise que des vols étaient annulés, des autoroutes fermées et les municipalités comme Beijing interdisaient la circulation à la moitié des véhicules. Les écoles ont dû fermer à la fois pour limiter les déplacements dans la ville et l’exposition des enfants à la pollution de l’air qui, à elle seule, fait 750 000 victimes chaque année. L’image des Pékinois qui se déplacent le visage couvert d’un masque est devenue de plus en plus courante.
Le charbon, si cher à Donald Trump, est l’énergie qui a longtemps alimenté l’incroyable essor économique de la Chine, mais aujourd’hui, le pays ne peut littéralement plus respirer. Devant le mécontentement de la population, le plus important consommateur de charbon au monde s’est donné comme but de réduire la part du charbon dans son bilan énergétique de 64 à 58 % d’ici 2020. Cela peut paraître peu, mais pour un pays énorme comme la Chine, le virage est majeur.
Évidemment, l’avantage d’un pays autocratique comme la Chine c’est que la mise en œuvre des plans d’action peut se faire très rapidement.
En janvier dernier, la Chine a annoncé qu’elle annulait la construction de 103 centrales au charbon. La Chine veut et VA diminuer sa dépendance à la plus polluante des énergies fossiles.
Et elle a déjà des solutions pour alimenter en énergie les industries qui tournent à plein régime et la consommation croissante de ses 1.3 milliard d’habitants.
Ainsi, le solaire, l’éolien et l’hydro-électricité ont maintenant la cote au sein de l’Empire du milieu. Depuis plusieurs années, la Chine investit massivement dans des installations de production d’électricité propre, tant dans le pays qu’à l’étranger, avec 102,9 billions de dollars seulement en 2015. Et elle va assurer bientôt de 36 à 40 % des installations mondiales en énergies renouvelables, devançant les États-Unis.
La Chine est ainsi devenue, et de loin, le leader dans ce secteur. Juste dans le pays, elle prévoit investir 361 milliards de dollars en production d’électricité renouvelable d’ici 2020, avec à la clé, 13 millions de nouveaux emplois.
À titre comparatif, l’ensemble des investissements d’Hydro-Québec (en production, transport et distribution) pour la même période sera de 18 milliards de dollars…
Grâce à la Chine - mais aussi à des pays majeurs comme l’Inde, les États-Unis et l’Allemagne - les technologies des secteurs de l’éolien et du solaire ont atteint la maturité économique. Ainsi, dans la plupart des régions du monde, elles deviennent la méthode la plus abordable de produire de l’électricité. C’est de plus en plus le cas aux États-Unis et au Canada.
Trump aura beau subventionner (encore plus!) les énergies fossiles et taxer les énergies renouvelables, il ne réussira pas à arrêter le train (électrique) haute vitesse que sont devenues les énergies renouvelables.
Ironiquement, la logique du marché, exploitée par la Chine communiste, triomphera.