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D’un océan à l’autre, les conditions météorologiques extrêmes observées cet été – sécheresses importantes, tempêtes de grêle et précipitations abondantes –, combinées aux contrecoups de la pandémie de coronavirus, entraînent de sérieuses conséquences pour le secteur agricole canadien, et laissent bon nombre des 270 000 agriculteurs et agricultrices du pays aux prises avec une véritable crise. Heureusement, des solutions existent pour favoriser la résilience de l’approvisionnement alimentaire du Canada face à ces deux défis.
C’est le message que souhaite transmettre la coalition Fermiers pour la transition climatique en dévoilant son appel à l’action. Le groupe prône une approche qui aiderait le secteur agricole canadien à relever non seulement les défis posés par la pandémie à court terme, mais également les effets provoqués par l’accélération des changements climatiques à long terme.
Le plan d’action du groupe, intitulé L’avenir passe par la ferme : Recommandations pour la reprise dans l’agriculture canadienne post COVID-19, présente cinq gestes concrets pour protéger l’approvisionnement alimentaire du Canada.
« La pandémie actuelle met en lumière la nécessité d’améliorer la résilience de l’approvisionnement alimentaire au Canada, dans un secteur qui peinait déjà à composer avec l’impact des changements climatiques. La saison des récoltes a été très difficile pour beaucoup de fermes au Québec, et sans plan clair et efficace, la situation risque d’empirer », a déclaré Mélina Plante, co-propriétaire de la ferme Les Bontés de la Vallée. « Les fermiers souhaitent bâtir un secteur agricole plus résilient, mais nous n’y arriverons pas seuls. Les décideurs doivent suivre nos recommandations. »
Bien que le gouvernement du Canada ait répondu rapidement à l’appel à l’aide des agriculteurs et agricultrices en leur offrant un accès accru au crédit et l’option de reporter le remboursement de la dette, le groupe estime que ce type d’aide financière à court terme ne fait ultimement qu’accentuer le problème déjà criant de l’endettement dans le secteur agricole. « Au Canada, l’endettement agricole total frise les 115 milliards de dollars, le double de ce qu’on observait il y a 20 ans. Le statu quo n’est plus une option, et c’est pourquoi les fermiers se regroupent aujourd’hui pour proposer des solutions », a ajouté Anastasia Fyk, fermière de quatrième génération chez FFF Farms au Manitoba.
Un sondage récent de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante révèle que 48 pour cent des agriculteurs et agricultrices sont inquiets de leur niveau d’endettement, et que 40 pour cent des exploitants agricoles craignent que la « nouvelle normalité » ne soit pas un modèle viable pour leur entreprise.
Les cinq recommandations formulées par Fermiers pour la transition climatique visent à aider les exploitants agricoles à protéger et à améliorer leurs activités, à accroître leur résilience face aux changements climatiques, à réduire leurs émissions polluantes, et à créer des emplois verts dans les collectivités rurales.
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Aider les fermes à devenir des piliers de production d’énergies vertes – Avec les bons incitatifs, les fermes peuvent générer de l’énergie solaire et éolienne, et du biogaz à partir de fumier et de déchets de culture. Cette production énergétique permet d’accroître et de diversifier les revenus des exploitants agricoles, fait tourner l’économie verte, et crée des avantages nets pour l’environnement.
- Offrir des incitatifs pour adopter des pratiques agricoles respectueuses du climat – Lorsque les agriculteurs et agricultrices réduisent leurs émissions polluantes, favorisent la biodiversité et améliorent la santé de l’environnement à l’échelle locale, ce sont tous les Canadiens et Canadiennes qui en profitent. Des mesures incitatives efficaces doivent être mises en place pour promouvoir les pratiques agricoles qui protègent le climat et l’environnement.
- Aider les fermiers et fermières innovateurs à servir de mentors pour d’autres agriculteurs – Des milliers d’agriculteurs et agricultrices d’ici développent des solutions novatrices pour réduire leurs émissions et séquestrer davantage de carbone dans la terre, mais ils n’ont pas d’avenues pour partager leur expérience à l’échelle du secteur. Le mentorat et les programmes de formation par les pairs sont essentiels à la transmission des pratiques agricoles écologiques à faibles émissions de GES.
- Récompenser les fermiers et fermières qui réduisent leur risque climatique – Le gouvernement du Canada dépense actuellement des milliards de dollars dans des programmes d’assurance des récoltes et de réduction des risques pour le secteur agricole. Plutôt que de simplement offrir des compensations en cas de pertes, ces programmes pourraient également récompenser ceux et celles qui agissent concrètement pour améliorer leur résilience face aux changements climatiques et réduire leurs émissions de GES.
- Soutenir la relève en appuyant les jeunes fermiers et les nouveaux agriculteurs – Au pays, l’âge moyen des agriculteurs et agricultrices est de 55 ans. La pandémie de COVID-19 a exposé les vulnérabilités d’un système alimentaire qui dépend largement de travailleurs étrangers temporaires. En plus d’améliorer la protection offerte à ces travailleurs, le Canada doit éliminer les barrières à l’entrée pour les jeunes qui souhaitent accéder à la profession. Ces mesures sont nécessaires pour assurer la pérennité de notre approvisionnement alimentaire et contribuent à favoriser l’innovation, puisque les jeunes agriculteurs et agricultrices sont souvent à la source de méthodes progressistes, plus respectueuses du climat et de l’environnement.
La coalition Fermiers pour la transition climatique invite tous les Canadiens et Canadiennes, qu’ils soient agriculteurs ou non, à signer l’engagement à fermierspourlatransitionclimatique.ca/passez-a-laction, pour témoigner de leur soutien pour cette approche.
« La pandémie de COVID-19 représente une excellente opportunité d’intégrer l’agriculture à la solution aux changements climatiques, et d’améliorer la résilience de nos agriculteurs et agricultrices aux contrecoups futurs auxquels nous n’échapperons pas », a conclu Claude Lefebvre de la Ferme Gerville de Baie-du-Febvre. « En bout de ligne, c’est notre approvisionnement alimentaire qui est en jeu. Cette problématique nous concerne tous. »
Pour obtenir de plus amples renseignements et des photos, rendez-vous à www.fermierspourlatransitionclimatique.ca/.
Pour plus d’information, veuillez contacter :
Anthony Côté Leduc, Chargé des relations médias, Équiterre
acoteleduc@equiterre.org; 514 605-2000