November 24
Fin de la COP29
Le résultat décevant de la COP29 n’est malheureusement pas à la hauteur des enjeux.
Complété
Du 11 au 22 novembre 2024 s'est tenue la 29e Conférence des Parties (COP29) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Bakou, Azerbaïdjan.
Alors que les défis climatiques continuent de s'intensifier, il devient plus urgent que jamais de mobiliser la communauté internationale autour de mesures concrètes pour protéger l'avenir de notre planète.
La COP29 a réuni des délégations de 196 pays ainsi que des délégations de la société civile et du secteur privé représentant plus de 4 000 organisations, avec plus de 70 000 personnes déléguées de tous horizons.
Plusieurs grands enjeux ont fait l’objet de négociations lors de la COP29 :
Près d’une décennie s’est écoulée depuis la ratification de l'Accord de Paris, qui a mis les bases de l’action climatique internationale limitant le réchauffement global à 1,5°C. Depuis, malgré des avancées législatives et politiques constatées, il reste toujours énormément de travail à faire et les États doivent en faire plus pour limiter le réchauffement entre 1,5 et 2° sans quoi nous subirons des effets irréversibles sur le climat. Les prochaines années sont cruciales dans l’établissement d’une stratégie de transition viable et adéquate.
Alors que les impacts du changement climatique se font plus pressants, les pays doivent réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le cadre de l'Accord de Paris. La transition vers des énergies renouvelables et la sortie progressive des combustibles fossiles, l'élimination du charbon et la réduction des émissions de méthane seront donc des enjeux clés des négociations. La présidence, assurée par l'Azerbaïdjan, souhaite aussi montrer la réelle volonté de pays producteurs de pétrole de s’engager dans la transition.
L'adaptation aux impacts de la crise climatique et la résilience des infrastructures étaient au cœur des discussions, avec un accent sur les stratégies nationales d'adaptation qui devront être mises en place par tous les pays d'ici 2025. La COP29, qui se tient pour la première fois dans la région du Caucase, se déroule donc aux premières loges d’une des régions les plus touchées par les enjeux relatifs à la crise climatique. L’Azerbaïdjan, comme plusieurs autres États, est aux prises avec des vagues de chaleur insoutenables, un appauvrissement des sols, ainsi qu’une raréfaction des ressources en eau.
Les pays du sud, souvent les plus touchés par les effets du changement climatique alors qu’ils contribuent peu à la crise climatique, ont besoin d’engagements fermes de la part des pays développés et riches dont fait partie le Canada, sur les mécanismes de financement et de soutien pour atténuer les impacts et s'adapter aux changements climatiques auxquels ils font face.
L’un des sujets centraux a été l'opérationnalisation du Fonds pour les pertes et dommages, destiné à soutenir les pays les plus vulnérables. Les fonds, recueillis à même les profits issus de la vente de produits pétroliers, auront pour but de responsabiliser les pays producteurs de pétrole dans l’élaboration de politiques d’adaptation justes.
Charles-Edouard Têtu, analyste en politiques climatiques et énergétiques, et Marie-Eve Leclerc, chargée de projet en mobilisation, étaient sur place.
La délégation d’Équiterre a mené différentes activités à la COP29, dont les suivantes :
Amener les enjeux d’adaptation climatique au pavillon du Canada aux côtés de spécialistes du Québec et de l’international dans le cadre d’un panel sur l'adaptation climatique;
Suivre les négociations entourant l’objectif collectif quantifié de financement climatique, les cibles définies nationalement sur la réduction des émissions de GES, le programme de travail sur la transition juste, ainsi que les négociations entourant l’objectif mondial en adaptation, et en informer le public québécois et les médias;
Participer aux séances de débreffage organisées dans le cadre des Dialogues pour le climat;
Représenter la société civile auprès des gouvernements du Québec et du Canada.
Cette année, Équiterre a mis l’adaptation climatique à l’avant-scène dans le cadre de sa présence à la COP. Pour faire face aux bouleversements amenés par les changements climatiques, l’adaptation est devenue une priorité à tous les niveaux politiques.
Équiterre a organisé un panel le 18 novembre à la COP29, afin d’exposer les enjeux liés à l’adaptation climatique dans le contexte des négociations climatiques internationales et de contribuer à l’émergence de solutions au Canada et ailleurs.
Le panel réunissait des spécialistes du domaine de l’adaptation, des représentant(e)s du secteur de l’assurance qui sonnent l’alarme sur les coûts, ainsi que des représentant(e)s de secteurs économiques affectés par les impacts des changements climatiques.
Caroline Larrivée, directrice de la programmation scientifique, Ouranos
Noora Firaq, directrice générale adjointe, Climate Outreach
Marc Paasch, directeur mondial - transfert de risques alternatifs, WTW
Le panel a abordé les enjeux suivants :
Le coût de l'adaptation et de l’inaction
Les mécanismes de collaboration nécessaires entre les paliers de gouvernement
Le financement de l'adaptation climatique
Les besoins pour la résilience des collectivités et des secteurs économiques
La transformation des habitudes (consommation énergétique, mobilité, agriculture et alimentation)
Tout ce qu’il faut savoir sur l’adaptation climatique
Lire notre ressourceSuivez les plus récents développements et les interventions de notre délégation.
Le résultat décevant de la COP29 n’est malheureusement pas à la hauteur des enjeux.
Équiterre organise un panel à la COP29 afin d’exposer les enjeux liés à l’adaptation climatique dans le contexte des négociations climatiques internationales et de contribuer à l’émergence de solutions au Canada et ailleurs.
Charles-Edouard participe à un panel du G15+
Lisez le billet de Charles-Edouard : La COP29 : une fenêtre vers le monde de demain
Pour Équiterre, la COP est un lieu privilégié pour influencer le Canada ainsi que les autres pays, puisque les décisions qui y sont prises façonnent l’action climatique des gouvernements. Des décisions ambitieuses - et il y en a eu au fil des années - ont le potentiel de rehausser l’ambition à l’échelle nationale et locale.
Nous ne pensons pas stratégique de boycotter la COP comme envisagent certains groupes, car cela laisserait plus de place au lobby pétrolier et aux autres pollueurs majeurs qui, eux, ne se gênent pas pour y participer. Équiterre estime donc que le boycott n’est pas une option.
De plus, la présence de la société civile est cruciale pour influencer les discussions internationales sur le climat. Les groupes que sont les jeunes, les organisations environnementales, les femmes, les syndicats, les groupes de recherche, les organisations autochtones, les entreprises et les agriculteur(-trice)s et les gouvernements locaux se sont battus pour obtenir une voix dans ces discussions sur le climat.
Équiterre profite de sa présence sur place pour appuyer ces communautés, amplifier leurs voix et s’assurer que les pays comme le Canada font leur juste part de l’action climatique mondiale.
Les COP sur le climat à elles seules ne peuvent pas « sauver le monde » mais elles ont néanmoins permis des avancées importantes (comme la création d’un Fonds pour les pertes et préjudices à la COP27 ou le consensus pour une « transition » vers l'abandon des énergies fossiles à la COP28.)
Les gains qui y sont faits s’inscrivent dans le droit international et peuvent difficilement être défaits. Cela en fait un processus certes lent mais qui repose sur des assises solides et dont l’impact demeure réel.
La COP est l’unique rendez-vous où les pays normalement peu influents sur la scène internationale ont une voix qui vaut autant que celle des gros joueurs. Il s’agit d’une occasion unique de raconter les multiples défis auxquels les communautés les plus vulnérables sont confrontées, que ce soit en matière de financement des efforts de réduction des émissions de GES, d’adaptation aux divers impacts du climat ou de dommages irréversibles. Donc oui les COP sont utiles et nécessaires.
Équiterre est consciente de l'impact environnemental des voyages en avion. Notre organisation envoie donc toujours une délégation minimale afin de limiter cet impact. C'est aussi pourquoi l'organisation compense toujours les émissions de GES associées à ce voyage, bien que la compensation ne soit pas la panacée.
Ce type de voyage, qui demeure exceptionnel, en vaut la chandelle aux yeux d'Équiterre, notamment en raison de l’importance des relations humaines pour faire avancer la cause et les négociations. Ce sont les excès des voyages en avion qui doivent être dénoncés, comme l'utilisation fréquente de jets privés ou les multiples vols réalisés pour le loisir sur une courte période de temps.
Analyste, Politiques climatiques et énergétiques
Chargée de projet, Mobilisation
meleclerc@equiterre.org